Souvenirs et témoignages:

Fiona-Émilie Poupard / À Medellin (Colombie) avec la WUJA / Les mutations du monde rural / Gilbert Renault, alias Colonel Rémy (1904-1984) / Volker Schlöndorff (1939) / Loïck Peyron, navigateur (1959) / Père Henry Marsille, s.j. / Monsieur Pierre Pincemin /
  • Fiona-Émilie Poupard

    Promo 2002, marraine des Équipes 2018

    Dans le sillage de son père, Georges Poupard promo 1965, Fiona-Émilie Poupard effectue ses études secondaires à Saint-François-Xavier. Parallèlement, elle apprend le violon au Conservatoire et le chant à la Maîtrise de Bretagne. Elle intègre ensuite les choeurs de l'opéra de Rennes, puis se rend à Londres étudier les langues et parfaire sa formation en violon, mais c'est à Bruxelles qu'elle obtiendra son master de violon ainsi qu'un master de traduction et une licence de langues étrangères appliquées. Se consacrant désormais entièrement au violon baroque, elle est primée comme soliste, en août 2014, au Concours International de Musique Ancienne de Bruges.

    Hubert Poupard : Que retiens-tu de tes années passées à Saint-François ? Je garde un souvenir très ému de mon arrivée à Saint-François et de tous ces rituels, quotidiens ou exceptionnels qui structuraient la journée et l’année. D’un côté le fameux couloir des sixièmes qui débouchait sur la grande salle d’étude où avait lieu la prière du matin, les « petits papiers » roses, bleus ou jaunes (chacun reconnaîtra ses couleurs de prédilection !) délivrés par M. Gouëlo -une figure dans ma vie de jeune collégienne ! Mais aussi le cross des sixièmes, et je revois mes professeurs s’égosiller sur le parcours pour nous encourager, ou encore la veillée de Noël… je me souviendrai toujours de cette fête pour laquelle on nous laissait en quelque sorte les clés du théâtre, le temps de découvrir les talents cachés de certains, de rire et de s’émouvoir ensemble autour d’une grande table. J’ai aussi une pensée particulière pour le grand rendez-vous qu’est la Marche de Solidarité et qui approche.

    H.P : Rennes, Londres, Bruxelles, Paris, pourquoi un tel parcours ? Les éléments fondateurs de mon éducation familiale et à SFX ont assez naturellement convergé, certainement puisque papa et toi aviez usé vos culottes d’écoliers avant moi sur les bancs de Saint-François, et je pense qu’ils ont nourri ma tendance à vouloir tout essayer, tout voir, tout goûter ! Étudiante, j’ai choisi la filière LEA pour ses matières très variées : traduction, droit, économie, informatique… Ce parcours m’a permis de partir en Erasmus à Londres et j’en ai profité pour intégrer la Guidhall school of music avant de mettre le cap sur Bruxelles pour approfondir ma formation de violoniste baroque.

    H.P : La formation reçue à Saint-François t' a-t-elle aidée à t' épanouir dans ta vie privée et professionnelle ? Bien sûr ! Je repense à la Maîtrise, à la classe européenne allemand et bien évidemment aux Équipes. Quelle effervescence pendant la semaine des Talents, quelle émotion en découvrant mes camarades sur scène ou aux manettes des spectacles. Comment ne pas se sentir pousser des ailes et avoir envie de monter sur les plnches ou même tout simplement réaliser qu’il est possible de réussir sa scolarité en s’investissant complètement dans des projets qui nous tiennent à coeur ? Et puis chaque événement était l’occasion de resserrer un peu plus les liens d’amitié entre les élèves, d’ailleurs ce n’est sans doute pas le hasard si j’ai toujours de solides liens avec mes camarades de promo !

    H.P : Aujourd'hui, où en es-tu dans ta carrière de violoniste ? À côté du conservatoire, les académies européennes sont des moments privilégiés pour que les jeunes musiciens puissent apprendre leur métier en situation réelle, avec à la clé des concerts dans de grandes salles et à la radio. C’est aussi l’occasion de rencontrer des chefs d’orchestre et de nouer des amitiés qui débouchent souvent sur la création de jeunes ensembles. J’ai ainsi eu la chance de rencontrer Sigiswald Kuijken qui m’a invitée à rejoindre La Petite Bande -un ensemble pionnier en matière de musique ancienne- et tisser des liens forts avec des musiciens qui sont aujourd’hui mes partenaires sur scène au sein du Quadrige. Avec ce quatuor fondé l’année dernière, nous avons déjà pu jouer sur de belles scènes européennes et nous profitons des accalmies dans nos agendas respectifs pour mijoter quelques projets pour la rentrée 2018 ! Aujourd’hui je suis violoniste indépendante, mon agenda se remplit au gré des projets qu’on me propose et de ceux que je mène de mon côté.

    H.P : Ta profession t'amène-t-elle à découvrir d'autres univers ? Musicien est un métier nomade, les voyages sont incontournables et j’ai eu l’occasion de jouer sur presque tous les continents et d’avoir un accès privilégié à d’autres cultures… l’occasion de se laisser surprendre et de défaire quelques mythes ! Il y a un mois j’étais en Inde et tout à l’heure, après avoir répondu à tes questions je vais rejoindre la fosse d’orchestre de l’opéra de Perm en Russie… nous sommes à quelques jours de la première de l’opéra Phaéton de Lully avec le Poème Harmonique dont je suis le violon solo. Ma mission sur ce projet est de faire le lien entre les musiciens russes et le chef d’orchestre français, une belle occasion d’allier musique, technique, diplomatie et… traduction !

    H.P : Pour conclure, quels conseils donnerais-tu à Jordi-Pierre, le benjamin de la famille, actuellement en 4° à Saint-François ? Oser ! Saint-François nous donne tant d’occasions de nous exprimer ! Chacune est une invitation à se lancer, à essayer avec pour seul risque celui de se connaître un peu mieux soi-même et de s’épanouir. J’encourage chaque élève à oser aller frapper à la porte du théâtre si l’envie le démange, oser mettre son nom sur la liste des talents pour la veillée de Noël, oser s’engager dans l’Équipe qui l’attire même s’il est timide ! L’esprit jésuite est toujours présent dans les couloirs de Saint-François et nous incite tout bas à oser tout haut.

    Hubert Poupard, promo 1971.

  • À Medellin (Colombie) avec la WUJA

    À Medellin (Colombie) avec la WUJA
    (Union Mondiale des Anciens Élèves de la Compagnie de Jésus).
    Août 2013.

Le 8ème congrès de la World Union of Jesuit Alumni s'est tenu en Colombie, à Medellin, du 14 au 17 août dernier, sur le thème « Education Jésuite et Responsabilité Sociale - comment pouvons-nous mieux servir? », Les réunions avaient lieu dans le grand et spacieux collège jésuite, San Ignacio, dans cette métropole économique moderne de 3,Smillions d'habitants (la capitale, Bogota, compte plus de 8 millions d'habitants).

Sur les 800 participants provenant de 2S pays, il y avait une grande majorité de Colombiens, dont le pays est resté très catholique.

La mauvaise réputation de la sécurité en Colombie explique en partie l'absence de représentants d'Allemagne, les très faibles délégations d'Italie et d'Espagne et un seul représentant pour les Etats-Unis, dont on connaît l'allergie à toute réunion mondiale, mais par contre la forte implication des « Jesuit Alumni » américains pour les « fund raising » en faveur de leurs anciens collèges, lycées ou universités. Cependant le précédent président de la WUJA, Tom Bausch, décédé quelques mois avant le Congrès de Medellin, venait des Etats-Unis. Par ailleurs les Américains auront l'occasion de se manifester dans 4 ans puisque le gème congrès se tiendra dans leur pays à Cleveland.

Du côté français, un tiers des neuf inscrits était issu de Saint François-Xavier, dont le Secrétaire sortant de la WUJA, notre Président François-Xavier Camenen, et le Président de la Fédération Française des Anciens Elèves, Emmanuel Boinnot. C'est un signe du fort ancrage passé de SFXdans la mouvance ignatienne.

A l'issue du Congrès, de nombreux participants ont tenu à rendre hommage à François-Xavier Camenen pour toute l'énergie, le temps et le dévouement qu'il a consacrés pendant de si nombreuses années au service de la WUJA dans le monde et en France.

Une grande et forte intervention a marqué ces trois journées de réflexion, celle du Père Général des Jésuites, l'espagnol Adolfo Nicolas qui a succédé en 2008 au Père Kolvenbach.

Le Père Adolfo Nicolas, qui a le même âge que le Pape François et qui fut son supérieur hiérarchique jusqu'en mars 2013, a illustré la pédagogie jésuite par quatre images dont la première restera gravée très certainement dans le souvenir des congressistes.

Cette première image se résume dans la formule martelée à maintes reprises par le Père Général: « todo es capilla « (tout est chapelle). Ce qui veut dire que le sacré ou le spirituel est partout dans un établissement jésuite. La formule a été inspirée au Père Adolfo Nicolas par un vieil enseignant boudhiste dans un collège jésuite japonais qui a expliqué à un jeune collègue boudhiste lui aussi, qui s'étonnait de la présence d'une chapelle au milieu du collège: « ici, tout est spirituel, et pas seulement la chapelle ... ». Les enfants sont un matériau confié aux éducateurs jésuites. Et c'est sacré. Il faut leur ouvrir les yeux pour qu'ils voient le monde et non les fermer comme les fameux trois singes de certains temples boudhistes (bouche, yeux et oreilles fermés). Il faut ouvrir les yeux pour regarder le monde tel qu'il est. Savoir distinguer (le célèbre ({ discernement »de la pensée jésuite). Savoir où l'on est et savoir prendre les décisions. A travers l'éducation jésuite, les enfants doivent pouvoir non seulement voir et distinguer mais aussi poser des questions (ne pas accepter sans réflexion les présentations des médias sur les évènements du monde ou sur les évolutions de la société).

En résumé, la famille, l'entreprise, la paroisse, ({ todo es capilla ».

La deuxième image est tirée de la Bible. C'est celle d'Urias, chef de guerre de David. Ce dernier lui propose d'aller passer un moment de détente avec son épouse, Bethsabée. Mais Urias préfère partir rejoindre ses hommes qui sont au combat, dans la souffrance et le tumulte. Les Jésuites veulent former des hommes de compassion qui souffrent avec les autres. Un enfant est d'abord préoccupé par lui-même. Il faut donc lui ouvrir son coeur, ses horizons pour qu'il puisse sentir le mal des autres. Les autres ne doivent pas être des étrangers pour lui. C'était le message du Père Arupe en 1973 ({ des hommes et des femmes pour les autres ». Comment réduire la souffrance humaine? Eprouver de la solidarité avec les autres fait partie de la doctrine ignatienne. Dans un monde où l'éducation repose sur l'individualisme et la compétition, il faut réaffirmer la solidarité, la nécessité d'étudier ensemble, le travail en équipe (SFXa une tradition d'exemplarité, NDLR).

La troisième image est celle du grand navire. Les enfants sont plus un navire qu'une bicyclette. Il faut beaucoup de temps pour changer de cap. Les évolutions sont lentes. Il n'ya pas de conversions ou de changements instantanés. La famille, le collège doivent appuyer le changement. Accompagner les enfants au long du processus pour qu'ils ne chavirent pas. C'est une responsabilité sociale. En Colombie le processus de paix, après 40 ou 50 ans de conflits, va exiger du temps pour être mené à bien.

La quatrième image est celle de la girafe. Cet animal a deux caractéristiques qui illustrent ce que la pédagogie ignatienne souhaite faire de ses élèves. Elle a le plus gros coeur qui existe (4 à 5 kg) pour alimenter son cerveau très haut placé et elle a une vision très panoramique du monde. Les élèves doivent avoir un coeur immense et une vision très large. Entre le coeur et la vision du monde, il faut établir un lien très étroit. Une girafe seule est une victime toute désignée à l'attaque des lions. Elle doit rester en groupe. Il en est de même pour l'homme, Quand on est séparé de sa famille, de sa communauté, on devient vulnérable.

Après son exposé, le Père Général qui a passé 24 ans au Japon, a eu l'occasion de souligner que dans ce pays tous les lycées publics et privés mettaient l'accent sur le PTA (Parents Teachers Association), l'harmonie et l'entente entre les parents et les enseignants. De l'importance de l'implication des parents dans la vie des collèges et lycées jésuites ...

D'autres interventions mériteraient d'être rapportées. Celle du représentant américain sur les valeurs de cette multinationale de l'éducation qu'est la Compagnie de Jésus, depuis son origine il y a 450 ans. Ou celle du Président de la plus grande banque colombienne sur la mise en pratique des valeurs ignatiennes dans sa vie professionnelle.

Ce Congrès a permis d'afficher de bonnes intentions pour que ce réseau des Anciens Elèves canalise et organise des initiatives humanitaires un peu partout dans le monde.

Ce séjour à Medellin a aussi été l'occasion de voir les progrès spectaculaires de la Colombie, dont la connaissance en France est souvent limitée à la terreur imposée par le cartel de Pablo Escobar dans les années 90 ou aux tribulations d'Ingrid Betancourt dans les années 2000. Pourtant on accourt du monde entier pour voir les réalisations étonnantes de l'urbanisme à Medellin ou bien l'ingénieux système de transport en commun de Bogota (le « Transmilenio » a réduit de 350000 tonnes par an les émissions de C02 dans la capitale) ou encore la spectaculaire bibliothèque d'Espagne qui domine Medellin. De très beaux musées consacrés à Fernando Botero stimulent les activités culturelles de Medellin et de Bogota et les oeuvres de cet artiste parsèment de nombreuses places de Colombie. Un séjour à Cartagena, première implantation historique des Espagnols sur le continent et magnifiquement restaurée, au charme incomparable sous les palmiers des tropiques, s'impose: on peut y séjourner dans un ancien monastère qui jouxte la villa de l'écrivain Gabriel Garcia Marquès, Prix Nobel. D'autres lieux retiennent aussi l'attention des touristes: Mompox, Villa de Leyva ou la cathédrale de sel de Zipaquira où aurait pu résonner en écho le leitmotiv du Père Adolfo Nicolas: « todo es capilla ... »

Yves Salmon SFX 1952-59

Les mutations du monde rural

Les mutations du monde rural
La dimension culturelle

La ruralité, c’est la campagne (« rus » en latin) opposée à la ville. Selon la définition des géographes français, la ville commencerait là où la zone bâtie dépasse 2.000 habitants. Il faut interpréter avec souplesse cette définition. Si je prends mon cas personnel, je suis né et j’ai grandi en Bretagne dans une commune de plus de 3.000 habitants, mais la zone centrale bâtie appelée « bourg » ne dépassait pas 600 habitants, le reste étant un habitat dispersé composé de petites fermes agricoles.

Le monde rural français est constitué d’une mosaïque de « milieux ruraux », très divers, très particularistes, attachés à un sol et à un climat, à des productions agricoles différentes (blé au nord, maïs au sud ouest, colza au nord, tournesol au sud), voire à des habitudes culinaires et à des vins spécifiques.

Historiquement, la vie rurale en France s’est structurée autour des lieux de culte religieux (églises, monastères) et des châteaux. Les foires et marchés hebdomadaires, bimensuels, mensuels ou annuels sont des centres d’échange, d’achat ou de vente, des produits agricoles, des animaux, des produits alimentaires, vestimentaires ou d’autres biens domestiques.

Dans la première moitié du 20ème siècle, la production agricole marque la campagne. Quand l’essentiel de la population vit à la campagne, elle est tournée vers l’autosuffisance, les excédents de production permettant d’alimenter les villes. Une communauté rurale est constituée en grand nombre par les agriculteurs, puis les commerçants et artisans (boulangers, charcutiers, bouchers, cordonniers, coiffeurs, tailleurs), deux ou trois petites entreprises agroalimentaires (meuneries, pressoirs viticoles ou cidricoles, laiteries), des professions libérales pour la santé et le droit (médecins, pharmaciens, infirmières, notaires, huissiers) et des fonctionnaires (gendarmerie, écoles, recettes des impôts directs ou indirects). Les cafés, lieux de convivialité et de consommation de boissons et alcools, pullulent et sont installés dans un coin de la charcuterie, de la boulangerie ou du salon de coiffure. Dans mon enfance bretonne, on en comptait 52 pour un bourg de 600 habitants ! C’était le lieu de halte et de regroupement des fermiers des environs quand ils venaient à l’église ou chez le docteur !

Au lendemain de la seconde guerre mondiale (après 1945), ce monde rural n’a pas beaucoup évolué par rapport aux siècles précédents. Un certain nombre de fermes n’avaient pas encore l’eau ou l’électricité. Les enfants effectuaient souvent plusieurs kilomètres à pied le matin et le soir entre le domicile familial et l’école. Les bicyclettes étaient très rares. Le ramassage scolaire en bus n’existait pas. Le dimanche, beaucoup allaient à la messe et se retrouvaient autour de leurs prêtres et notables du bourg. Puis l’après-midi, il y avait les activités sportives ou culturelles dans des patronages laïques ou catholiques selon les affinités ; ou les kermesses et fêtes diverses.

Ces communautés villageoises étaient ainsi des réalités très vivantes et structurées. Une grande solidarité existait. Des grands-parents aux petits-enfants, trois générations existaient sous le même toit. Les événements familiaux, les mariages (les festivités duraient deux à trois jours) et les enterrements rassemblaient des foules considérables et constituaient des dépenses importantes qui pesaient beaucoup sur les ressources et parfois sur le patrimoine familial.

La préparation des fêtes religieuses et civiles mobilisait les énergies de tous.

C’était ainsi, il y a 60 ans, une vie très collective et très solidaire qui caractérisait les milieux ruraux par rapport au monde urbain. Il y avait une réelle autonomie du monde rural par rapport aux villes. Le système scolaire qui était de grande qualité se suffisait à lui-même. Les médecins généralistes savaient accoucher les jeunes mamans et soigner la plupart des maladies. La ville n’apportait qu’un appoint à des services bien étoffés localement.

S’il y avait une vie rurale très active, la campagne souffrait d’être considérée comme un lieu tenu à l’écart du progrès économique et intellectuel. En France, un phénomène particulier, la royauté centralisée à Versailles, a donné de l’éclat à la vie de cour autour du souverain. Vie brillante qui a imposé son style. Les créations artistiques du grand comédien Molière se faisaient à Versailles. Cet auteur dramatique se moquait des gentilshommes restés à la campagne, de leurs manières rustiques et de leurs propos grossiers. Certes, La Fontaine, à travers la fable du rat de ville et du rat des champs, oppose les tracas de la ville à la quiétude de la campagne. Mais on doit se souvenir que c’était un ingénieur des eaux et forêts qui préférait personnellement la sagesse et la tranquillité de la campagne à la folie et à l’agitation des villes.

Au 19ème siècle, l’industrialisation et le développement des transports, en particulier ferroviaires, mettent la modernité définitivement du côté des villes. Les ruraux apparaissent comme des « arriérés », des « laissés pour compte » du progrès. Bécassine, héroïne de bandes dessinées du début du 20ème siècle, représente la caricature de ces villageois de Bretagne, « montés » à Paris pour chercher du travail et qui découvrent, avec un étonnement sans cesse renouvelé, la modernité. A la même époque, on traite les gens de la campagne de « ploucs », ce qui passe pour une expression injurieuse alors qu’en breton ce terme veut dire simplement « villageois » ou « habitant de la paroisse » !

C’est pourtant à la même époque (fin du 19ème siècle et début du 20ème siècle) que se produisent des événements qui passent inaperçus, mais qui vont avoir une influence considérable dans la seconde partie du 20ème siècle sur l’évolution du monde rural.

Quelques-uns pensent à la nécessité d’organiser la profession agricole pour sortir de la vie humble, difficile et misérable qui était le sort de beaucoup. Le salut passe par l’union, par le syndicat générateur de mutualisme et de coopération. A cette époque, en Bretagne, il y a 240.000 exploitations (avec une moyenne de 8 hectares par exploitation). Sur 2,3 millions d’habitants, l’agriculture emploie 600.000 actifs masculins auxquels s’ajoutent les femmes et les enfants qui aident le chef de famille. C’est donc une grande majorité de la population qui vit de l’agriculture.

La loi de 1884 (complétée par la loi de 1900 sur les mutuelles et la loi de 1901 sur les associations), qui autorise les syndicats (le mot « agricole » n’a été ajouté qu’in extremis), va permettre de constituer des syndicats agricoles d’où découlent des coopératives, des caisses mutuelles d’assurance (incendie, accidents du travail, mortalité du bétail) et des caisses de crédit. Ce sont des aristocrates éclairés et des prêtres qui vont prendre la tête des premières institutions et apprendre aux meilleurs des agriculteurs à prendre en main leur destinée. La création en 1911 de l’Office Central de Landerneau donne naissance à Coopagri (devenue la plus grande coopérative française par le nombre de ses adhérents), au Crédit Mutuel de Bretagne et à Groupama Bretagne, et permet d’éditer le plus important hebdomadaire agricole français (« Le Paysan Breton »). Ces institutions de Landerneau joueront un rôle essentiel dans le formidable essor agricole de la Bretagne, aujourd’hui première région agricole française.

A partir de 1960, l’essor économique de la France et la mise en place de la politique agricole commune (PAC), au niveau européen, vont alimenter la soif de modernisation de l’agriculture, portée par ses institutions mutualistes (Groupama, Mutualité Sociale Agricole), ses caisses coopératives de crédit (Crédit agricole, Crédit Mutuel) et ses coopératives de collecte, de commercialisation et de production (dont Coopagri, Limagrains, Sodiaal, In Vivo).

Groupama est la 2ème compagnie d’assurance française. Le Crédit Agricole a le premier réseau bancaire français et le Crédit Mutuel le second.

Le monde rural français est aujourd’hui quadrillé et irrigué par ces institutions.

Prenons l’exemple de Groupama :
58.000 élus (administrateurs de caisses locales)
4.300 caisses locales
10 caisses régionales

Au niveau national, un conseil d’administration composé de 47 administrateurs, presque tous issus du monde agricole, appuie la stratégie du Groupe, définie au sein d’une Fédération Nationale des Caisses Régionales Groupama.

Aucune autre agriculture en Europe ne se trouve dotée d’une épine dorsale aussi puissante que l’agriculture française, avec ses banques, ses assurances, sa mutualité sociale, ses coopératives, ses chambres d’agriculture. Ces institutions ont un organe commun de consultation, de concertation et d’intervention politique : le Conseil de l’Agriculture Française (C.A.F.), présidé et animé par le grand syndicat agricole français, la FNSEA.

Pendant cette modernisation de l’agriculture française, qu’est devenu le monde rural ? Où en est-il aujourd’hui ?

Il faut avoir le courage de constater qu’il y a eu rupture entre le monde rural et le monde urbain. Il n’y a plus échange et complémentarité entre la ville et la campagne, mais hégémonie du modèle urbain.

La modernisation de l’agriculture a entraîné une hémorragie considérable des emplois. Pour prendre un exemple qui m’est familier dans le Bassin Parisien : une exploitation qui employait 60 personnes (et 60 chevaux) en 1950, n’en avait plus que 23 (et aucun cheval) en 1975, et 4 aujourd’hui. Les gains de productivité en agriculture ont été en moyenne de 1 % à 1,5 % par an. Les petites industries locales qui s’étaient développées ont été fermées, soit en raison de délocalisations, soit par concentration des moyens de production. Les personnes ont dû trouver du travail dans les villes en gardant leur domicile au village ou partir s’installer dans les agglomérations. Les emplois sont dans les villes et non plus dans les campagnes.

Ceci a amené les géographes de l’INSEE à distinguer, entre ville et campagne, une troisième catégorie, « les zones périurbaines » selon la trilogie :

  • zones urbaines : communes avec une zone bâtie de plus de 2.000 habitants et offrant 5.000 emplois au moins ;
  • zones périurbaines : communes dont 40 % au moins de la population travaillent dans un ou plusieurs pôles urbains ;
  • zones rurales.

Les zones urbaines représentent 60 % de la population française, les zones périurbaines plus de 20 % et les zones rurales moins de 20 %.

Or, plus de la moitié des exploitations agricoles sont en zones urbaines et périurbaines : le maraîchage et l’arboriculture à proximité immédiate des villes, les céréales en zones périurbaines, car souvent s’y rencontrent les sols les plus fertiles.

Les agriculteurs sont de plus en plus nombreux, comme d’autres notables, à préférer vivre en ville, pour avoir accès aux services, quitte à parcourir 20 ou 50 kilomètres, matin et soir, pour venir travailler dans leur ferme.

L’osmose entre agriculture et ruralité se distend fortement.

On peut situer l’apogée du rayonnement rural dans la période 1960-1990. C’est à ce moment là que Groupama prend comme logo non seulement la couleur verte de l’agriculture, mais aussi le symbole du clocher de village entouré de sillons de la terre. Si le grand rassemblement à Paris en 1991 de 300.000 agriculteurs et ruraux dans un « dimanche des terres de France » marque la force de la ruralité et la sympathie des Parisiens à son égard, on peut dire aussi qu’il sonne le glas du monde rural.

Depuis vingt ans, on assiste à un effondrement de l’identité rurale.

Pourquoi ?

Nous avons évoqué la perte des emplois en agriculture : gains de productivité, concentration des exploitations. Les institutions mutualistes et coopératives se regroupent. En 2000, il y avait chez Groupama deux fois plus de caisses locales (9.000 contre 4.300) et d’administrateurs locaux (120.000 contre 58.000) qu’en 2010. Ces groupes financiers développent leurs implantations en ville et rétrécissent leurs implantations à la campagne.

Mais il y a d’autres raisons plus culturelles

L’éducation s’est beaucoup détériorée. On trouve de nombreux établissements scolaires classés « ZEP » en zone rurale. Les familles des meilleurs élèves s’en vont vivre en ville.

Les églises sont désertées et fermées. Pour prendre le cas de l’Aveyron, département très rural et très catholique, en 2000, 600 paroisses ont été regroupées en 36.

La consommation individualiste a remplacé la vie communautaire des chorales, des processions, des défilés et des harmonies municipales.

A cet égard, il faut souligner l’effet destructeur de la « révolution » de la grande distribution (les supermarchés). Depuis trente ans, les commerçants ont disparu des centres de nos villages au profit d’un ou, plus souvent, de deux supermarchés qui se livrent à des surenchères dévastatrices pour les bouchers, charcutiers, boulangers, épiciers, quincailliers, droguistes de nos villages. Les cafés, lieu de convivialité, ferment, faute de clients, même si, sur le plan de la santé, c’est certainement bénéfique !

La police est aussi peu efficace que dans les banlieues difficiles des grandes villes. Les actes de cambriolage et de violence se multiplient. On retrouve dans les champs et dans les bois des voitures incendiées, à plus de trente kilomètres de tout pôle urbain.

Sur le plan démographique, le déclin de l’identité rurale ne se détecte pas. Depuis dix ans, pratiquement la totalité des zones rurales gagnent en population. Les retraités de la ville choisissent de venir s’installer à la campagne, de même qu’un certain nombre de personnes en grande précarité qui y trouvent refuge. Une enquête de l’INSEE montre que 80 % des nouveaux arrivants sont d’origine modeste et que les ménages précaires représentent la moitié des nouveaux ruraux.

Certes, le mot rural reste une référence, comme l’appel à un mythe. Ainsi, on a un groupe parlementaire de la « droite rurale ». Il y a encore un « groupe monde rural » des organisations agricoles, mais il ne se réunit plus. Certaines associations luttent pour préserver des lambeaux de la vie rurale : la Fédération des familles rurales a encore un réseau de 2.500 associations touchant 160.000 familles dans 75 départements.

Et la nostalgie du monde rural, de sa tranquillité, de sa diversité et de sa solidarité existe bien chez beaucoup de Français : plus de 2 millions de résidences secondaires en France, ce qui place la France très en tête dans ce domaine.

Mais il faut faire le constat que le mode de vie urbain se trouve plaqué, très dégradé, sur le monde rural.

Alors ne faut-il pas parler de « rurbains » (contraction de ruraux et d’urbains) qui vivent dans l’espace rural français d’aujourd’hui et non plus de « ruraux » ? Et déplorer la perte d’identité culturelle rurale en France ?

Yves Salmon SFX 1952-59

Gilbert Renault, alias Colonel Rémy (1904-1984)

Gilbert Renault, est l'aîné d'une famille de neuf enfants. Son père est professeur de philosophie et d'anglais, puis inspecteur général d'une compagnie d'assurances.

Élève des « bons pères » du collège Saint-François-Xavier de Vannes, et après des études de droit à l'Université de Rennes, ce sympathisant de l’Action française (même s'il n'y a « jamais milité »1) issu de la droitecatholique et nationaliste, commence une carrière à la Banque de France en 1924. En 1936, il se lance dans la production cinématographique et finance notamment le tournage de J'accuse, nouvelle version du film d'Abel Gance. C'est un échec retentissant, mais nombre de liens qu'il noue au cours de cette période lui seront très utiles lors de son engagement dans la Résistance.

À l'appel du 18 Juin (1940), il refuse l'armistice demandé par le maréchal Pétain et passe à Londres avec l'un de ses frères, à bord d'un chalutier parti de Lorient. Il est parmi les premiers hommes qui se rallient à la cause du général de Gaulle et se voit confier par le colonel Passy, alors capitaine et chef du BCRA, la création d'un réseau de renseignements sur le sol français.

En août de la même année, il crée avec Louis de La Bardonnie la Confrérie Notre-Dame, qui deviendra en 1944 CND-Castille. Initialement axé sur la couverture de la façade Atlantique, il finit par couvrir la France occupée et la Belgique. Ce réseau était l'un des plus importants de la zone occupée et ses informations ont permis de nombreux succès militaires, comme les attaques de Bruneval et Saint-Nazaire.

Convaincu qu'il faut mobiliser toutes les forces disponibles contre l'occupant, il met en contact le Parti communiste français avec le gouvernement de la France libre en emmenant Fernand Grenier à Londres en janvier 1943. Gilbert Renault reconnaît volontiers ne rien entendre au jeu politique, c'est le socialiste Pierre Brossolette qui le met en relation avec des groupes syndicaux et politiques.

Fait Compagnon de la Libération par le décret du 13 mars 1942, il devient membre du comité exécutif du RPF à sa création, chargé des voyages et des manifestations. Il fait paraître dans Carrefour, le 11 avril 1950, un article intitulé La justice et l'opprobre, prônant la réhabilitation du maréchal Pétain.

Peu de temps après, il adhère à l'Association pour défendre la mémoire de Pétain (ADMP). Désavoué par de Gaulle, il démissionne du RPF.

Il s'installe au Portugal en 1954 et revient en France en 1958 pour se mettre à la disposition de de Gaulle, qui ne répondra pas à ses attentes. Il milite dans plusieurs associations ; il est notamment vice-président du CEPEC2. Il fait partie des réseaux chrétiens traditionalistes.

Renault a rédigé maints ouvrages sur ses activités dans la Résistance. Sous le nom de Rémy (un de ses pseudonymes dans la clandestinité), il a publié ses Mémoires d'un agent secret de la France libre et La Ligne de démarcation (adapté au cinéma par Claude Chabrol en 1966), lesquels sont considérés comme d'importants témoignages sur la Résistance française.

En 1976, il publie Le 18e jour3, livre dans lequel il rétablit la vérité quant à la prétendue félonie du roi Léopold III de Belgique qui, avant la guerre, aurait refusé toute collaboration avec les Franco-anglais en vue de préparer la guerre (alors que des contacts secrets avaient lieu) et qui, en mai 1940, n'aurait pas prévenu les Franco-anglais de la reddition de l'armée belge (alors que les appels et avertissements n'ont pas manqué). Remy fait justice des accusations contre Léopold III en appuyant sa démonstration sur plusieurs preuves appuyées par le jugement d'un tribunal anglais et par le témoignage des services d'écoute de l'armée française démontrant que les états-majors français et anglais étaient au courant depuis plusieurs jours.

Extrait de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_Renault



Volker Schlöndorff (1939)

Volker Schlöndorff(ou Schloendorff), né le 31 mars1939 à Wiesbaden (Allemagne), est un cinéasteallemand. Il est l'un des représentants majeurs du Nouveau cinéma allemand des années 1960-70.

Il s'inscrit à l'IDHEC à Paris, mais quitte l'école pour faire un stage sur Zazie dans le métro et commence sa carrière en France comme assistant d'Alain Resnais (L'Année dernière à Marienbad), de Jean-Pierre Melville (Le Doulos, Léon Morin, prêtre), de Louis Malle (Le Feu follet) avant de passer à la réalisation cinématographique en 1966 en adaptant le roman de Robert Musil : Les Désarrois de l'élève Törless.

Il s'impose en Allemagne grâce à son adaptation en 1975 du roman d'Heinrich Böll : L'Honneur perdu de Katharina Blum, puis obtient la reconnaissance internationale avec Le Tambour, adaptation du roman de Günter Grass pour lequel il est récompensé par la Palme d'or à Cannes en 1979 (ex æquo avec Francis Ford Coppola pour Apocalypse Now) ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger en 1980.

Dans les années 1990, il accepte la direction des Studios Babelsberg, dans la banlieue est de Berlin, l'ex-siège du Hollywood allemand lorsque l'UFA y était installée dans la première moitié du XXe siècle et propriété de la Compagnie générale d'immobilier et de services. Il enseigne également le cinéma et la littérature à l'école européenne de Saas-Fee, notamment lors de séminaires estivaux.

En 2009 Schlöndorff a mis en scène la dernière pièce de Leo TolstoïEt la lumière luit dans les ténèbres (Espace scénique: Mark Lammert) au château de Neuhardenberg avec Angela Winkler.

Il s'inscrit à l'IDHEC à Paris, mais quitte l'école pour faire un stage sur Zazie dans le métro et commence sa carrière en France comme assistant d'Alain Resnais (L'Année dernière à Marienbad), de Jean-Pierre Melville (Le Doulos, Léon Morin, prêtre), de Louis Malle (Le Feu follet) avant de passer à la réalisation cinématographique en 1966 en adaptant le roman de Robert Musil : Les Désarrois de l'élève Törless.

Il s'impose en Allemagne grâce à son adaptation en 1975 du roman d'Heinrich Böll : L'Honneur perdu de Katharina Blum, puis obtient la reconnaissance internationale avec Le Tambour, adaptation du roman de Günter Grass pour lequel il est récompensé par la Palme d'or à Cannes en 1979 (ex æquo avec Francis Ford Coppola pour Apocalypse Now) ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger en 1980.

Dans les années 1990, il accepte la direction des Studios Babelsberg, dans la banlieue est de Berlin, l'ex-siège du Hollywood allemand lorsque l'UFA y était installée dans la première moitié du XXe siècle et propriété de la Compagnie générale d'immobilier et de services. Il enseigne également le cinéma et la littérature à l'école européenne de Saas-Fee, notamment lors de séminaires estivaux.

En 2009 Schlöndorff a mis en scène la dernière pièce de Leo TolstoïEt la lumière luit dans les ténèbres (Espace scénique: Mark Lammert) au château de Neuhardenberg avec Angela Winkler.

• 1979 : Palme d'or au Festival de Cannes pour Le Tambour

• 1980 : Oscar du meilleur film en langue étrangère pour Le Tambour

Extrait de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Volker_Schl%C3%B6ndorff



Loïck Peyron, navigateur (1959)

Loïck Peyron, né le 1er décembre 1959 à Nantes, est un navigateur français.

Frère cadet de Bruno Peyron et de Stéphane Peyron, le benjamin, il a notamment remporté trois fois la Transat anglaise et remporté le Trophée Jules Verne en pulvérisant le record

Loïck Peyron a appris la voile avec ses deux frères au club nautique CNBPP du Pouliguen2.

Il s’est distingué dans les années 1990 à la barre de son trimaranFujicolor, en gagnant de nombreuses courses. Il a remporté à quatre reprises le championnat ORMA, en 1996, 1997, 1999 et 2002. Loïck Peyron a navigué sur presque tous les types de multicoques : 60 pieds ORMA, Décision 35, Extreme 40, KL 28, Sailingone, AC45, Formule 40, Class A, maxi-catamarans océaniques en équipage comme en solitaire, maxi-catamarans pour la Coupe de l'America, maxi-trimarans de records (Maxi Banque Populaire V, le plus grand trimaran de course au monde), ... Mais ses navigations en monocoque sont elles aussi nombreuses, que ce soit en IMOCA, en maxi-monocoque (barreur du maxi Mari-Cha-IV de 42 mètres lors des Voiles de Saint-Tropez 20053), en Open 7.50, en First Class 84, en Figaro ou en Mini 6.50.

2011 : Un Trophée Jules-Verne et une préparation à la Coupe

En 2011, Loïck Peyron continue de naviguer en Décision 35, sur l'Okalys-Corum de Nicolas Grange. Il finit notamment 4e du Bol d'Or, malgré la chute d'un équipier au départ18.

Durant l'année 2011, il s'entraîne en Classe A aux côtés de son frère Bruno19, en vue de la Coupe de l'America 2013 puis, en septembre, sur des KL 28 (les catamarans monotypes du trophée Clairefontaine) en match racing20 durant une semaine à Quiberon21, afin de se familiariser avec les nouvelles règles de la Coupe22 et de recruter de nouveaux équipiers23.

En juin 2011, il succède à Pascal Bidégorry à la barre du Maxi Banque Populaire V avec pour objectif le trophée Jules-Verne24,25. Le départ s'effectue le 22 novembre 2011. Après 45 jours, 13 heures et 42 minutes de navigation, Peyron et ses 13 hommes d'équipage battent le temps de référence Ouessant-Équateur, auparavant détenu par Franck Cammas et son équipage sur Groupama 3, de plus de 3 heures. Ils battent le record Ouessant-Bonne-Espérance en 11 jours, 21 heures et 48 minutes, battant ainsi le précédent record de plus de 2 jours et 15 heures, à une vitesse moyenne de 19,75 nœuds, atteignant des pointes jusqu'à 37 nœuds.

Le 6 janvier 2012, Loïck Peyron et son équipage terminent ce tour du monde en 45 jours et 13 heures, devenant ainsi détenteurs du trophée Jules-Verne26.

Il est membre du conseil d'administration de la Fédération française de voile27 confirmé lors de l'Assemblée Générale 2008 de la FFVoile, le 21mars2009 à Paris.

Extrait de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lo%C3%AFck_Peyron

Père Henry Marsille, s.j.

Il y a bientôt 100 ans, dans un petit village de Bretagne, Pleucadeuc en Morbihan, naquit Henry Marsille, au nom déjà célèbre puisque fils de Maître Louis Marsille (1872-1966), docteur en droit, historien, archéologue et président de la Société Polymathique du Morbihan à six reprises.

Quelques années plus tard, en 1916, à l’âge de 6-7 ans, il entre en classe de 9ème au collège St François-Xavier de Vannes. C’était la première guerre mondiale et le Père Marsille évoquant un jour cette époque nous dira : « La moitié du collège était transformée en hôpital militaire, ça sentait le chloroforme et l’éther dans les couloirs. C’était épouvantable. De simples paravents séparaient les classes des cours de l’hôpital et je me souviens que les surveillants pouvaient facilement compter fleurette aux jeunes infirmières !!! »

C’était alors une époque particulière puisque les Pères Jésuites avaient été chassés de l’établissement et le Père Marsille de raconter avec son humour percutant : « Vous savez ce qu’est un jésuite. Vous le faites partir par la porte, il revient par la fenêtre ! Au fil des années, je les ai vus revenir un par un.»

Pur produit de Saint-François Xavier, le Père Marsille fut un élève brillant. Il en sortira en 1928 avec le baccalauréat de philo. La même année, il entrera dans la Compagnie de Jésus et sera ordonné prêtre le 10 avril 1943. Il deviendra professeur de lettres classiques, tout d’abord au collège de Tours, puis à celui de Brest, enfin à Saint-François-Xavier à partir de 1949. C’était l’année de l’incendie mais aussi celle du centenaire du collège qu’il organisa sous la conduite du recteur le Père Jean du Rivau.

Un évènement ce centenaire ! Il se passait au milieu des ruines et marquait ainsi une volonté extrêmement vigoureuse de réunir les hommes. Le Père du Rivau travaillait plus spécialement à l’union de la France et de l’Allemagne. En faisant de cette fête du centenaire une fête internationale, il voulait sans doute rapprocher les peuples mais aussi, comme l’a souligné si bien le Père Marsille, pour s’en tenir à la France, réunir les deux frères ennemis, l’enseignement laïc et l’enseignement privé. Grâce à son talent exceptionnel cela a été un pas dans la ligne d’une réconciliation.

Le Père Marsille figure emblématique de Saint-François-Xavier

Le Père Marsille dispensera son enseignement à Saint-François jusqu’en 1974. Il y excellera grâce à des méthodes des plus originales, mais oh combien performantes.

C’était un professeur atypique et toujours aimé de ses élèves. Il sera le « géniteur spirituel » d’un nombre important de jeunes et de moins jeunes anciens, pour la plus grande gloire de Dieu. Lors du cent-cinquantenaire du collège en l’an 2000, il résumait ainsi avec beaucoup de générosité son passage à Saint-François : « Je vous dirai seulement que trente ans d’enseignement suppose bien des heures passées à la chasse au contresens, suppose surtout beaucoup d’affection pour les élèves qui nous sont confiés et qu’on doit conduire et guider vers les voies de l’Evangile, de l’amour de Dieu et de l’amour de son prochain. » Et il ajoutait : « Je me cramponne encore un peu pour témoigner, alors merci à tous !!! » Témoignage philosophique et spirituel qui trouve aujourd’hui un écho singulier à l’occasion de son centième anniversaire.

Et n’oublions pas qu’à côté de son activité de professeur il donnait encore de son temps à l’établissement en s’occupant des livres scolaires et du secrétariat de l’Amicale des anciens élèves, activités qu’il poursuivit des années après avoir cessé d’enseigner. Il fut d’ailleurs le dernier jésuite à quitter le collège.

A l’époque où il revient à St François comme professeur, le Père Marsille adhère à la Société Polymathique du Morbihan. Pendant plus de 30 ans, il y a joué un rôle de premier plan comme président et surtout comme secrétaire, poste qu’il a occupé 24 ans (de 1958 à 1965 et de 1971 à 1988).

Au cours de cette activité qu’il conjuguait brillamment avec l’enseignement, il a donné une trentaine de communications. Il est l’auteur d’une publication d’histoire vannetaise devenue désormais un classique : Vannes au Moyen-âge paru en 1982. On lui doit également une notice brillante sur l’histoire de la société Polymathique : Les 160 ans de la société Polymathique du Morbihan, éditée en 1986. Citons encore parmi ses articles : La retraite de Vannes en 1951, L’état religieux du diocèse de Vannes au début du XVIIe siècle en 1961, Prêtres Vannetais du XVIIe siècle en 1964, Les Sabbats de St-Guen (Côtes d’Armor) en 1970, Saint-Gildas et l’abbaye de Rhuys en 1974, La Constitution Civile du Clergé vue de La Gacilly en 1988, Le Collège de Vannes et la Nouvelle France en 1995, enfin La Grenouille de l’Evêque de Vannes en 2006.

Nous savions ainsi le Père Marsille humaniste, nous le connaissions savant, nous le respections comme docte professeur.

Mais c’est aussi un humoriste perpétuel et chacun d’entre nous a pu mesurer la justesse de cet humour que je rappellerai en faisant état d’une anecdote recueillie courant avril 2000. Nous étions alors dans les couloirs de Saint-François et les quelques privilégiés qui avaient la chance d’échanger avec le Père Marsille évoquaient avec lui son nouveau séjour chez les Petites Sœurs des Pauvres. Pour caractériser ce séjour, il eut alors ce mot : « Moi qui ai toujours travaillé sur des vieilles pierres, me voici maintenant au milieu des ruines. » Puis évoquant les pensionnaires de cette noble institution, en particulier l’une d’entre elles beaucoup plus âgée que lui, puisqu’il était le benjamin dans cette communauté, il nous dit alors : « Cette personne cachait ses gâteaux ou son dessert dans le jardin de crainte d’être volée » et d’ajouter avec son sourire sentencieux et indéfinissable : « C’est dommage car la plupart du temps elle ne les retrouvait plus ». Un dernier bon mot car il nous faudrait un livre pour les écrire. Lors de l’élection présidentielle de 1965, un des candidats était le sénateur Marcilhacy. Le lendemain de la publication de cette candidature dans les journaux, le Père Marsille arrive dans sa classe de rhétorique, s’assied et dit : « Je suis le seul à pouvoir dire Marsille assis !!! »

Nous sommes vraiment heureux, aujourd’hui, par l’intermédiaire de ce message, de dire à notre cher Père Marsille, toute la joie, le bonheur, l’enrichissement que nous avons tirés tant de ses enseignements que de sa conduite et bien entendu de son œuvre qui a permis également à l’Association des Anciens Élèves de perdurer et surtout de se ressourcer dans le patrimoine précieux qu’il nous a légué.

Ad Majorem Dei Gloriam

Philippe BILLAUD (Promo 1961)
Le Père Marsille en 1958

Le Père Marsille a toujours été avant tout un homme étrange, hors normes dirait-on aujourd'hui, attitude qu'il cultivait avec une certaine délectation.

Son aspect en déroutait plus d'un. Pendant les classes on pouvait le voir par les fenêtres traverser tous les jours les cours de récréation, un cageot sous le bras rempli d'épluchures de cuisine, les poireaux dépassant toujours, marchant nonchalamment vers la mare aux canards, en sabots, le bas de la soutane effiloché auquel étaient accrochées des particules de boue. Ainsi déambulait avec philosophie cet être de sciences, réfléchissant sans doute aux expériences de génétique qu'il menait sur ses canards de Barbarie. Le bruit courait qu'en pleine guerre froide il entretenait avec des scientifiques soviétiques des discussions secrètes, peut-être subversives!

Plus tard, on apprit qu'il avait collaboré avec le paléoanthropologue Yves Coppens, le codécouvreur de Lucy, pour tenter d'élucider les mystères des menhirs et dolmens de Carnac et du Golfe.

Pendant les cours, il avait une autorité naturelle qui était due principalement à l'intérêt que nous portions tous à ses propos. Son discours était savant mais adapté à nos esprits encore frustes, émaillé de réflexions originales et humoristiques. Il était volontiers provocateur et se plaisait avec un petit sourire narquois à observer les réactions sur nos visages.

Il détestait le conflit, la réprimande, la discussion stérile. Il parlait toujours calmement. On appréciait son recul vis à vis du monde.

C'est ainsi qu'il a ouvert nos esprits aux plaisirs intellectuels de la littérature française et de la culture générale.

< style="text-align:justify;"p>Un de ses maîtres à penser était Voltaire, lui-même formé par les jésuites à Louis-le Grand, dont il admirait l'intelligence vive, le style élégant et l'esprit frondeur. Il partageait avec Voltaire deux vertus cardinales : l'esprit de tolérance et la recherche de justice.

Sa philosophie de la vie qui transparaissait dans ses nombreuses réflexions révélait un attachement profond à l'humanisme, version XVIIIème siècle, qui est plus que jamais d'actualité, après les errances philosophiques du XXème, nonobstant les bouleversantes découvertes scientifiques sur la pensée chez l'homme.

Quelques anecdotes

Avant la rentrée de septembre, le Père Marsille était chargé du rachat et de la vente des livres scolaires, obligation qui manifestement l'ennuyait beaucoup.

Cela se passait dans un bureau exigu, empestant le tabac. Il n'était pas bavard et détestait les mères qui l'étaient trop.

Quand il commençait à être excédé, il se levait sous un prétexte quelconque et la mère trop bavarde découvrait alors un écriteau posé sur la bibliothèque derrière son siège : "Votre temps est précieux, le mien aussi. Ne le perdons pas, et restons-en à l'essentiel : l'achat ou l'échange de livres".

*

Un matin, une partie des élèves de Première, au moment de rentrer en classe de français, était restée dans le couloir car quelques bancs avaient été "empruntés".

Le Père Allizon, Préfet, alerté par le brouhaha, vient s'enquérir de la cause de ce désordre : - Alors! Ils n'ont donc pas de quoi s'asseoir? demande le Préfet - Si, rétorque le Père Marsille, mais ils ne savent pas où le poser!

*

C'était l'époque où l'on passait l'oral du bac à Quimper, lorsqu'on avait été "admis" à l'écrit. Le Père Marsille préparait ses élèves comme un coach, c'est-à dire privilégiant le mental au savoir.

Ainsi nous expliquait-il : "Certes, il y aura un rapport de supériorité entre vous et votre examinateur. Mais, vous avez 18 ans. Vous êtes beaux et bien bâtis... Lui, il est vieux, ridé et bedonnant. Songez un instant que vous vous retrouviez tous les deux à poil (sic), qui aura de l'ascendant sur l'autre? Pensez-y et vous prendrez de l'assurance".

Alain Liégeois (Promo 1959)
Décès du Père Marsille, s.j.
6 août 2011

Les 100 ans du Père Marsille fêtés à la résidence Maréva le 18 octobre 2010. David Robo, à l'époque adjoint aux affaires sociales, était venu le saluer.

Dernier Jésuite du collège-lycée Saint-François-Xavier, cet érudit aura marqué plusieurs générations d'élèves.

Nécrologie

Le Père Henry Marsille est décédé samedi. Il avait fêté, il y a quelques mois, ses 100 ans. C'était une figure emblématique de Vannes. Après avoir été élève à Saint-François-Xavier, il y avait enseigné les lettres classiques de 1949 à 1974.

Il a également été secrétaire de la Société polymathique du Morbihan pendant près de 30 ans. Son père, archéologue reconnu, s'y était déjà fortement impliqué.

Spécialisé dans l'Histoire religieuse, le Père Henry Marsille a également écrit de nombreux articles et ouvrages. C'était également un passionné de biologie. Il fut le dernier Père Jésuite à avoir enseigné à Saint-François-Xavier. Charismatique, il aura marqué plusieurs générations d'élèves.

« Un professeur atypique »

« C'est un personnage qui est l'image même de Saint-François-Xavier », témoigne Hervé Laigo, ancien conseiller municipal de Vannes, qui préside l'Association des anciens élèves de Saint-François-Xavier.

Hervé Laigo l'a connu professeur. Il en garde un souvenir ému et fort. Le Père Marsille enseignait les lettres, le latin et le grec. Érudit, il aimait les auteurs classiques et avait une grande culture.

« La Société polymathique, qu'avait présidée son père, était également très importante pour lui. C'était un professeur atypique et même anticonformiste. Il savait capter l'attention de ses élèves. Il avait beaucoup d'humour et une autorité calme. »

« Philosophe »

« Il était très philosophe dans ses propos et avait une grande exigence intellectuelle. Il nous a appris à avoir un grand sens critique et le sens de la mesure. C'était un esprit libre et fort. Il était pour nous le professeur du film Le cercle des poètes disparus », conclut Hervé Laigo.

Jean-Christophe Auger, adjoint au maire de Vannes, l'a bien connu également. « Je ne l'ai pas eu comme professeur. Mais je lui rendais visite régulièrement, témoigne-t-il. C'était un homme très cultivé et un grand historien local, surtout en ce qui concerne l'école de spiritualité vannetaise. C'était quelqu'un de très attachant. Sa porte était toujours ouverte et les gens appréciaient ses conseils. »

Nathalie JAY. Ouest-France 8 aout 2011

Monsieur Pierre Pincemin

Hommage à mon maître ès-Mathématiques

Il fut mon maître à double titre : d’abord comme Professeur de Seconde et de Mathématiques élémentaires (Math-Élem) au début des années 60, puis lorsque je devins son collègue en Terminale C à partir de 1972.

Discret et peu loquace, il a mené à Saint François- Xavier une vie de bénédictin par son ardeur au travail et sa patience à corriger des tonnes de paquets de copies dûment annotées en indiquant toutes les fautes commises.

Arrivé au début des années 50, lui furent confiées les classes de Seconde et de Première C Scientifique jusqu’en 1960, ainsi que l’enseignement des Mathématiques en série Philosophie. En Seconde, il n’avait pas son pareil pour enseigner les exercices de construction géométrique du type : "étant donnée une longueur L, construire sa racine carrée avec pour seuls outils la règle et le compas". C'était du grand art en deux temps successifs, analyse puis synthèse, que l’on retrouve lors des traductions des versions latines et grecques. Ces exercices de construction géométrique mettaient en évidence les trois qualités de tout matheux : intuition, induction et déduction.

En Première C, il a initié beaucoup de générations à la géométrie dans l’espace et aux problèmes du second degré avec discussion suivant un paramètre, qui étaient les problèmes les plus difficiles de l’enseignement mathématique du Secondaire, car mêlant algèbre et géométrie (le philosophe Henri Bergson obtint le premier prix au concours général de Mathématiques sur un sujet de ce type : discuter de la surface de la section d’un cube par un plan variable perpendiculaire à une diagonale du cube).

Au début des années 60, Monsieur Pincemin cessa d’enseigner en classe de Première C, pour prendre la suite du Commandant Lavolé, ancien de Navale, comme Professeur de Mathématiques en classe de Mathelem : à 35 ans, c’était une gageure, vu le travail de préparation des nouveaux cours. Il le fit avec courage et brio, sachant nous faire goûter la trigonométrie de haut niveau, l’arithmétique de l’Antiquité à nos jours, la cosmographie avec ses systèmes solaire et stellaire, l’analyse avec ses fonctions et ses suites de nombres, la géométrie avec ses faisceaux de cercles et ses coniques (paraboles, ellipses et hyperboles), la mécanique avec les mouvements rectilignes et circulaires, et enfin la géométrie descriptive. Qui plus est, il était l’assistant de Monsieur Vincent lors des séances de travaux pratiques de Sciences Physiques.

Mais c’est surtout comme collègue à partir de 1972 que j’eus la chance de découvrir Monsieur Pincemin. Il m’apprit à tailler des plannings de cours hebdomadaires, mensuels et trimestriels, et à élaborer et confectionner des textes de tests et d’examens synthétisant les exigences et connaissances indispensables à tout candidat au Baccalauréat. Il fut mon maître une seconde fois. En cette aube de fin Octobre, apprenant son départ pour d’autres cieux, la lumière blafarde qui éclairait mon journal était là comme pour me rappeler tous ces crépuscules de matins d’hiver où, de 8h à 10h, Monsieur Pincemin nous détachait du monde pour nous instruire. Monsieur Pincemin : le détachement total au seul service des autres.

Jean Le Corvec (Promo 1962)